Trip de Thrissur Kerala à Trichy Tamil nadu juillet 2016
Nous partons de Thrissur, Dheeraj, le tour manager de KST Tours (qui malgré ses 5 années d’expérience dans une grande agence locale n’avait pas eu l’occasion de voyager en Inde du sud), Jinesh, notre chauffeur de référence (que nous venons de recruter à plein temps et qui aura pour mission de diffuser sa connaissance du terrain auprès des autres chauffeurs) et moi-même (qui après 6 ans à rouler en Inde du sud souhaite désormais partager mes connaissances et explorer les dernières régions inconnues !).
Après le tronçon éprouvant de 30 kms jusqu’à Vadakkencherry, entre travaux pour créer une 4 voies (tant attendue !), la route défoncée et des bus sortis de l’enfer qui déboulent comme des fous, le calme revient et après une pause tchai, le thé au lait typique, nous poursuivons tranquillement. Il vaut mieux car nous allons à Trichy destination du jour, et il faudra au moins 6 heures de route. Ayant testé la semaine passée l’itinéraire direct mais nous faisant subir une file incroyable de camions de sable et de ciment sur 200 kms (…) nous décidons de prendre un itinéraire bis (!) par Pollachi, Dindigul. Jusqu’à Pollachi, 2h30 sans encombre.
C’est une route que je connais bien. Routes verdoyantes, longées le plus souvent de cocotiers et quelques autres plantations, manguiers, papayes, etc.
A Pollachi, direction Dindigul. On peut choisir deux itinéraires, l’un passant par Palani, avec un grand temple au sommet d’une petite montagne, sur une route longeant les Ghâts occidentaux que je connais déjà, ou bien prendre une route un peu plus rapide par Dharapuram, que Jinesh connait. Je lui passe donc le volant !
Cette route est à la fois monotone et surprenante. Monotone car le paysage devient rapidement sec et assez aride, plat, sans rien de spécial. Surprenant car sur environ 50 kms on traverse un champ d’éoliennes qui apparaît infini. Il existe 2 champs d’éoliennes de ce type au Tamil Nadu, mais celui-ci est le plus grand je pense, avec certainement plus de 1000 éoliennes disposées de façon irrégulière. Des anciennes à 2 pales, des toutes neuves avec une technologie moderne, des moyennes et des grandes, bref ce n’est pas un champ uniforme (ce ne serait pas l’Inde sinon !).
Le Tamil Nadu a besoin d’énormément d’énergie pour servir son industrie florissante et améliorer la distribution au public. Ils misent donc sur plusieurs sources, l’éolien, l’hydraulique et le nucléaire, de façon à limiter sensiblement le recours au charbon. Actuellement les coupures sont quotidiennes et atteignent par moment 8 à 10 heures d’interruption par jour… Ces éoliennes occupent le regard jusqu’au moment où nous bifurquons pour Dindigul. La route est toujours aussi plate, sans attrait particulier avec des terres encore plus sèches, sans plantation. Les routes sont droites, suffisamment larges, on peut rouler et gagner un peu de temps.
Dindigul est rejoint en 2h. Nous avons décidé de poursuivre en direction de notre objectif sans visiter le marché aux fleurs de cette ville. De Dindigul une belle 4 voies nous conduit à destination en 2 heures à peine. Peu de circulation et de jolis paysages avec des reliefs montagneux couverts de forêts. On pourrait appeler ça une autoroute de campagne agréable. Du coup le temps passe vite.
Avant d’arriver à Trichy nous commençons par voir surgir des « universités » privées et publiques. Peut-être une douzaine uniquement sur cet accès à la ville ! Le titre est un peu usurpé car il s’agit davantage d’écoles supérieures privées proposant des formations de type BTS, ingénieur, etc. Leur valeur est assez moyenne, elles ont un but lucratif évident, et elles ne sont pas très reconnues par les professionnels en général.
Nous arrivons par le sud de la ville qui traverse différents quartiers, chacun spécialisé dans un domaine : le carrelage, le travail du métal (portails, fer de construction, etc.), le bois. Tous les vendeurs sont à côté les uns des autres avec leur stock de bois de pin et de bambous, les deux matériaux de base pour la construction des charpentes des petites maisons locales à bas coût. Je suis invité à visiter le dépôt de bois bien alignés, à prendre un jus de fruit. Accueil sympathique auquel je suis habitué dès que je sors des routes touristiques.
Puis vient l’immense quartier du marché : le marché de gros aux oignons incroyable, avec de chaque côté de la rue, des oignons rouges par dizaines de tonnes !
Puis au tournant de la rue c’est le quartier des bananes, avec des centaines de régimes déchargés des camions tout au long de la journée, triés selon le type et la qualité avant d’être revendus par camions à des négociants ou à des revendeurs locaux.
Et il y a le marché au détail bien sûr. Un grand marché où l’on trouve tous les produits régionaux et aussi importés d’autres états. Nous sommes en juillet, c’est la saison des mangues. Il y en a partout et leur parfum est envoûtant …
Ce marché est une découverte, y compris pour Jinesh notre chauffeur qui pourtant roule en Inde du sud depuis 15 ans. Nos voyageurs pourront passer ici au moins 2 à 3 heures à découvrir tous ces métiers, se perdre dans les rues, prendre des photos. Comme souvent sur les marchés, on est très bien accueillis, tout le monde se prête au jeu des photos voir en demande ( !), veut faire visiter son étal ou son magasin, vous invite parfois à boire un thé. Bref bonne ambiance, absolument aucun touriste en vue et l’occasion de découvrir à la fois tous les produits locaux et de faire des rencontres authentiques. Vous l’aurez compris : j’adore cet endroit !
Jinesh enchaîne ensuite 2 ou 3 petites rues et nous voilà soudain au pied de Rock Fort Temple. Habituellement, lorsque l’on arrive à Trichy on aperçoit ce grand rocher de 80 mètres de haut de loin, d’autant que tout est plat autour de Trichy. Mais en prenant cet itinéraire depuis le sud, on a un effet de surprise !
Nous connaissons déjà le temple du Rock Fort et le beau point de vue qu’offre son sommet. Mais j’ai lu sur internet qu’il y a au bas du rocher un petit temple creusé à même la roche, un rock cut temple. Il y en a dans plusieurs régions en Inde, dans le Tamil Nadu mais aussi à Badami et les plus beaux sont à Ajanta et Ellora, bien plus au nord-ouest dans la région de Bombay. (Mumbai)
A 100 mètres de l’endroit où nous nous garons nous sommes surpris de voir un petit panneau. Pas besoin de chercher, le temple doit être là ! Nous empruntons donc une petite ruelle avec des habitations en direction de la base du rocher. Et le petit temple est bien là. J’aime l’image de cette petite maison, construite à 10 mètres du temple creusé dans le rocher dont la paroi verticale s’élève dans le ciel comme un mur protecteur, avec un petit square en terre battue, un arbre et une petite porte qui donne sur la courette d’une école primaire. Tout semble petit au pied de cette paroi de roche, et forme une scène bucolique où l’art et l’histoire du XI siècle côtoie en toute simplicité le quotidien de quelques familles et des enfants du quartier.
L’école est terminée mais il y a encore une trentaine d’enfants qui attendent le bus scolaire. Nous décidons d’aller acheter quelques friandises au marchand du coin. Nous entrons dans l’école et après avoir simplement demandé la permission à la directrice, je fais la distribution. Inutile de préciser que toutes les mains se tendent avec joie pour piocher dans le sac des bonbons à la fraise, au chocolat, au caramel !
Comme partout en Inde, les enfants (et les maîtres et maîtresses) sont toujours étonnés et ravis de rencontrer des étrangers. Il n’y a quasiment aucun touriste qui ne s’écarte des visites mentionnées dans les guides touristiques.
Il est 16h30 et nous pouvons poursuivre notre chemin vers Srirangam, une île sur la rivière Cauvery à 3 kms de là où se trouve un temple bien connu qui, comme quasiment tous les temples, est fermé entre 12h et 16h. On a du mal à savoir que l’on roule sur une île, avec sa taille de 14 kms par 3 dont une bonne partie est couverte par une extension de la ville de Trichy. Srirangam est un grand complexe hindou avec un temple et un lieu de pèlerinage sur les bords de la rivière.
Pour accéder au cœur du temple (dont la dernière partie n’est pas autorisée aux non hindous) il faut passer sous une succession de gopurams, ces grandes tours formant une porte d’accès. Elles sont magnifiques et ont été rénovées il y a 6 mois. Les peintures ont été refaites et la première porte, dominée par le plus haut des 21 gopurams du temple, est imposante. Entre le premier et le troisième gopuram, on trouve un quartier hindou avec tous ses marchands habituels que l’on retrouve autour de tous les temples et même des habitations.
Il y a du monde, de la vie, du bruit jusqu’à l’intérieur du temple, entre la 4ème et 5ème porte.
Il y a un endroit que je souhaite voir: les toits du temple avec une vue panoramique sur tous les gopurams. Nous demandons à droite et gauche et obtenons l’information précise pour enfin y accéder ! Waow, la vue est effectivement belle. Personnellement c’est ce que je préfère dans ce temple car au final, dans tous les temples comme ceux de Kanchipuram, Chidambaram, Madurai, Thiruvannamalai, temples vivants où les rituels sont pratiqués chaque jour, on retrouve la même vie, les mêmes échoppes et des atmosphères identiques.
Les hindous trouvent une signification particulière au pèlerinage dans chacun de ces temples, chacun étant mentionné dans les livres sacrés et faisant partie des lieux que l’on doit visiter durant sa vie. Mais pour un non hindou, l’intérêt est plus visuel et la spiritualité qui peut se dégager des lieux n’aura pas la même signification.
Venir ici le matin assez tôt ou le soir vers 17h30 permet d’avoir une belle lumière. Parfait pour les photos !
Par contre, côté rivière, il n’y a plus personne au soir venu. Les pèlerins viennent généralement le matin tôt, jusqu’à 12H00. Personnellement, je ne suis pas fan de cet endroit, surtout durant la saison sèche de février-mars jusqu’en octobre. La rivière est alors en grande partie asséchée offrant un spectacle peu ragoutant de plastiques et détritus partout, avec des odeurs nauséabondes, un certain nombre de pèlerins faisant leurs besoins sur le site.
La nuit arrive et nous décidons de regagner notre petit hôtel. Celui que je voulais tester est complet. Il propose des chambres avec une vue imprenable sur le Rocher de Rock Fort, (d’où le nom de l’hôtel RockFort View !). Nous optons pour un plan B, basique, propre, plus ancien donc avec les climatisations mono bloc de l’époque qui offrent fraîcheur et bruit de moteur en même temps !
Une bonne bière fraîche est bien venue. On accède au bar comme souvent dans les hôtels par l’extérieur (il y a toujours une forme de honte de l’alcool, sauf dans les hôtels 4 ou 5*). Simple, propre, local dirai-je, avec des clips vidéo de musique indienne entraînante. A notre surprise le bar de l’hôtel bien que modeste nous sert une pléthore d’accompagnements gratuits pour accompagner nos bières et vodka locales : différents amuses gueules variés, concombres, pastèque, œufs durs, mini idlis, biscuits secs, etc. Nous décidons de compléter tout cela de poulet cuit de différentes façon en sauce, frits avec des épices, à l’étuvé. Il y a largement de quoi se régaler et nous finissons la soirée ici sans passer par la case restaurant.
Demain sera une autre aventure en terres inconnues cette fois-ci
A suivre … !